Protocoles chirurgicaux de mise en place d'implants dans les secteurs postérieurs
Editeur : Quintessence International
Stratégies d’évitement du comblement sinusien
CHAP. 4
Szmukler-Moncler S, Khoury PM, Davarpanah K, Davarpanah M, de Corbière S
Face à une hauteur osseuse infra-sinusienne limitée :
La stratégie thérapeutique consiste à choisir entre un traitement adaptatif (traitement alternatif à la greffe osseuse) et un traitement chirurgical.
Lorsque le traitement s’adapte à la situation de la présente hauteur résiduelle, les implants sont placés sans procédure d’augmentation osseuse ni d’altération de la morphologie osseuse.
Lorsque le traitement est chirurgical, il comprend la panoplie des procédures chirurgicales invasives d’augmentation osseuse verticale.
METHODES / permettant d' échapper à la nécessité d’effectuer une greffe sinusienne
Par rapport au traitement chirurgical, ce choix thérapeutique possède les avantages ci-après pour le praticien et le patient.
Pour le patient, le traitement est,
1) moins invasif,
2) moins traumatisant au niveau des suites postopératoires,
3) de durée plus réduite,
4) moins coûteux.
Pour le praticien, le traitement adaptatif est,
1) plus simple,
2) son pronostic est plus prévisible,
3) implique moins de risque.
4.1 Implants courts
- AVANTAGES
- Les implants courts présentent les avantages du traitement adaptatif suivants :
- . ils évitent de léser les structures anatomiques adjacentes tels que les fosses nasales, le sinus maxillaire,
- . ils permettent d’éviter les racines des dents adjacentes, en cas de convergence du tiers apical des racines dentaires,
- . ils facilitent la pose d’implants même lorsque l’ouverture buccale est limitée.
- Pronostic
- Les paramètres sur lesquels il est possible de jouer pour augmenter le pronostic des implants courts placés dans les secteurs postérieurs sont les suivants :
- 1) Maintenir la rugosité de l’implant jusqu’au col implantaire,
- 2) Utiliser un diamètre plus large lorsque cela est possible,
- 3) Solidariser les implants entre eux,
- 4) Augmenter le nombre d’implants selon les possibilités,
- 5) Optimiser le rapport couronne/implant,
- 6) Eviter les forces latérales.
4.2 Implants angulés
- AVANTAGES
- La technique présente les avantages clinique, biologique et biomécanique suivants :
- . Mise en place d’un implant plus long, ce qui assure une exploitation maximale du volume osseux disponible
- . Engagement de davantage d’os cortical. La position angulé du col implantaire permet un engagement plus important de l’os cortical au niveau crestal
- . Augmentation de la distance inter-implantaire. Le col de l’implant est incliné en direction postérieure. Il assure un prolongement distal de la prothèse et permet de placer un pontique entre deux implants
- . Meilleures distribution des charges occlusales. La position distale du col implantaire favorise cette distribution sur les implants
- . Pas d’extension et de porte-à-faux. Avec un nombre moindre d’implants, une réhabilitation prothétique allant au moins jusqu’à la première molaire devient possible.
- Pronostic:
- Cette technique représente un traitement alternatif efficace aux procédures chirurgicales invasives. Les taux de succès rapportés varient entre 95.7% et 100%, sur une période allant jusqu’à 6 ans. L’angulation des implants n’occasionne ni réaction de lyse osseuse (Aparicio et al., 2001), ni récession gingivale spécifiques (Krekmanov et al., 2000). La seule complication rapportée est d’ordre prothétique, il s’agit d’un dévissement répété de la vis du pilier (Aparicio et al., 2001).
4.3 Pénétration de l’implant dans le sinus maxillaire
- Principe
- Cette approche admet le principe d’une pose d’un implant dont la longueur est jusqu’à 2 mm supérieur à la hauteur infra-sinusienne (fig 4.3a-d), sans mise en oeuvre d’ostéotome ni adjonction de matériau de comblement (Nedir et al. 2004). La technique consiste à pénétrer délibérément dans le sinus maxillaire avec l’implant, en perforant la muqueuse si nécessaire (Bishof et al. 2006, Jung et al. 2007).
- Il y a plus de 25 ans, Branemark et ses collaborateurs (1984) avaient démontré sur 101 patients suivis durant 5-10ans qu’une perforation de la muqueuse sinusienne ou même nasale était sans conséquence sur l’ostéointegration des implants. Dans son principe, cette étude clinique est hautement intéressante excepté que l’amplitude de ces dépassements n’y a pas été précisée.
- Des études plus récentes se sont attelées à déterminer les réactions à la pénétration dans le sinus en fonction de l’amplitude de la procidence implantaire. Des pénétrations d’implants de 2, 4 et 8 mm ont été étudiés histologiquement chez le chien (Jung et al. 2006).
- Il y a de bonnes indications que la pénétration d’un implant sur une longueur > 2 mm dans le sinus (fig 4.4a-d) n’induise pas de suites postopératoires. Des complications sont éventuellement à attendre des patients ayant des facteurs prédisposant (sinusite chronique asymptomatique, perturbation du drainage sinusien, …) (Raghoebar et al., 2004).
En tout état de cause, l’histoire médicale sinusienne du patient doit alerter le praticien avant d’initier une chirurgie du sinus maxillaire.
- Technique chirurgicale
- La séquence de forage est standard sauf qu’elle fait effraction dans le sinus maxillaire. Un implant dont la longueur est de 2 mm plus long que la hauteur osseuse résiduelle est placé. Certains préconisent de préférence un implant au dôme conique ou arrondi.
- La communication oro-sinusienne créée est oblitérée par l’implant (importance de stérilité de la chirurgie). Si le sinus est sain (importance de l’histoire ORL), l’implant intra-sinusien sera bien toléré et son apex sera recouvert par une cicatrisation de la membrane sinusienne.
- En cas d’échec de l’ostéointegration, la dépose de l’implant n’entraîne pas de complications sinusienne
- Plus d'infos.
- Chapitre 4 : SIMPLIFICATION DES GREFFES SINUSIENNES. Editeur : Quintessence International
4.4
Pose d’un implant dont la longueur est de plus de 2 mm supérieure à la hauteur osseuse résiduelle.
- Cas clinique
- Voir ci-dessous à droite : slides.
- a. a. Forage au travers de la membrane.
- b. Insertion de l’implant dans la logette suivant la séquence standard. L’implant pénètre dans la cavité sinusienne sur une longueur > 2 mm.
- c. Réaction de cicatrisation autour de l’apex de l’implant. La membrane se reforme souvent en dessous de l’apex et l’implant demeure procident dans la cavité.
- d. Radiographie de contrôle d’un implant posé après une pénétration délibérée dans le sinus sur une hauteur > 2 mm. Les 2 implants, l’un ayant pénétré sur une hauteur < 2
4.5 Implants ptérygo-palato-tubérositaires
- RISQUES :
- Le risque principal lors de la réalisation de cette chirurgie est la lésion de l’artère palatine descendante situé dans le canal grand palatin
- AVANTAGES :
- L’implant ptérygo-palato-tubérositaire permet :
- . d’éviter une chirurgie de comblement sinusien
- . une chirurgie plus courte, moins couteuse, avec un risque de morbidité moindre
- . d’éviter les bridges avec extension distale,
- . d’améliorer la biomécanique des implants le plus antérieurs
- . une réhabilitation complète du secteur postérieur, essentielle pour les patients possédant un large sourire (Balshi 2006)
- . d’assurer des antagonistes aux molaires mandibulaires.
- Pronostic
- Ces éléments prothétiques, postérieurs et palatins, sont bien tolérés par les patients. L’accent doit néanmoins mis sur l’hygiène buccale de cette région
- Le pronostic à court et à long terme est satisfaisant, il est similaire aux procédures implantaires conventionnelles